Abû Bakr As-Siddîq après la mort du Prophète-saws-
:: HISTOIRE DE L ISLAM :: MUHAMMAD :: Ses compagnons
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Abû Bakr As-Siddîq après la mort du Prophète-saws-
Abû Bakr devenu Calife
Estimant
qu’il fallait immédiatement régler le problème de la succession du
Prophète, les Ansâr se rendirent à l’assemblée (Saqîfah) de Banû
Sâ`idah pour débattre de cette question. Il s’agissait de savoir à qui
serait attribué l’honneur de succéder au Prophète — paix et
bénédictions sur lui — : aux Ansâr ou aux Muhâjirûn. Avant l’arrivée
des Muhâjirûn dans l’assemblée, les débats avaient abouti à la
désignation de Sa`d Ibn `Ubâdah en tant que Calife sans pour autant
qu’il n’y ait de consensus autour de ce choix.
Les discussions
ne s’étaient pas terminées lorsqu’Abû Bakr, `Umar et certains Muhâjirûn
se rendirent à l’assemblée. À leur arrivée, certains Compagnons
proposèrent la désignation de deux Califes, l’un appartiendrait aux
Ansâr et l’autre aux Muhâjirûn ; proposition refusée car synonyme de
division.
Rappelant qu’il ne se portait pas comme candidat, Abû
Bakr dit : « Vous savez que les Arabes n’accepteront de confier cette
affaire qu’à un homme qurayshite car Quraysh est considérée comme la
tribu la plus éminente parmi les tribus arabes. » Abû Bakr proposa
alors comme candidats `Umar et Abû `Ubaydah Ibn Al-Jarrâh. Ces derniers
refusèrent la proposition, rappelant qu’Abû Bakr était le meilleur des
Muhâjirûn, le seul à avoir été en compagnie du Prophète dans la grotte,
et enfin qu’il avait été nommé par lui pour diriger la prière des
Musulmans à sa place. Le consensus réalisé, Abû Bakr fut désigné Calife.
Quelques
jours après le serment d’allégeance prononcé par les grands Compagnons
dans l’assemblée de Banû Sâ`idah, les habitants de Médine se réunirent
à la mosquée et firent allégeance à Abû Bakr. Celui-ci prononça alors
un discours dans lequel il dit : « Ô gens ! J’ai été élu comme chef
sans être le meilleur parmi vous. Si vous trouvez que j’agis avec
justesse, assistez-moi et si vous trouvez que je m’abuse, corrigez-moi.
Le faible parmi vous est fort à mes yeux, jusqu’à ce que j’obtienne
pour lui son droit ; et le fort parmi vous est faible à mes yeux,
jusqu’à ce que je lui arrache ce qui n’est pas son droit. Ô gens,
sachez qu’aucun peuple n’a abandonné la lutte dans le sentier d’Allâh
sans qu’il soit humilié. Sachez aussi que l’immoralité ne se répand au
sein d’un peuple sans que Dieu ne l’afflige d’une calamité.
Obéissez-moi, tant que j’obéis à Dieu, et à Son Messager. Si je
désobéis à Dieu et à Son Messager, vous ne me devez aucune obéissance.
Levez-vous pour la prière ; que Dieu vous fasse miséricorde ! »
Avant
sa désignation, Abû Bakr avait l’habitude de prendre soin
personnellement des familles des martyrs et d’aider la veuve et
l’orphelin. On rapporte à cet effet que quand les enfants voyaient Abû
Bakr dans la rue, ils se précipitaient vers lui, montaient sur ses
épaules et jouaient avec lui. Les gens pensèrent qu’après son
investiture, Abû Bakr cesserait de faire cela. Mais il veilla à
préserver cette habitude si bien que `Umar alla un jour proposer son
aide à une vielle femme de Médine qui déclina poliment expliquant que
quelqu’un venait habituellement l’aider. Se renseignant sur l’identité
de cette personne, la vielle femme répondit : « Je ne sais pas qui
c’est. C’est un homme qui vient d’habitude m’aider à nettoyer la maison
et à traire les chèvres. » N’ayant pas eu de réponse, `Umar décida de
découvrir l’identité de celui qui l’avait devancé auprès de cette dame
; voyant un jour Abû Bakr sortir de chez elle, il dit : « Qu’Allâh te
fasse miséricorde Abû Bakr, tu auras tenu la dragée haute à tes
successeurs ! »
Abû Bakr à la défense de l’État naissant
Bien
que le Califat d’Abû Bakr As-Siddîq ne durât qu’environ deux ans, il
fut caractérisé par d’immenses réalisations et de dangereux évènements
et incidents. Ces derniers auraient provoqué la dislocation de l’État
islamique sans la miséricorde divine qui plaça à sa tête un homme qui,
par sa sagesse et sa détermination, réussit à préserver cette nouvelle
communauté.
L’armée d’Usâmah Ibn Zayd
La première décision
prise par Abû Bakr fut de dépêcher l’armée d’Usâmah Ibn Zayd contre les
Byzantins qui empêchaient les prédicateurs musulmans de transmettre
leur message sur les terres qu’ils gouvernaient. Cette armée qui avait
été dépêchée par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avant son
décès, revint à Médine après l’annonce de la nouvelle de sa maladie.
Cette décision fut cependant contestée par certains Compagnons pour
deux raisons. La première était la crainte que la décision d’Abû Bakr
ne prive la communauté de son armée à un moment si critique de son
histoire ; les tribus arabes reniant, l’une après l’autre, l’islam et
s’apprêtant à attaquer Médine. La deuxième était que pour certains,
Usâmah était trop jeune pour diriger cette armée. Il avait à l’époque
dix-huit ans approximativement. Abû Bakr refusa cependant de se plier à
cette contestation et dit : « Par Celui Qui détient mon âme entre Ses
Mains, même si les lions me capturaient, je dépêcherais l’armée
d’Usâmah comme le Prophète l’a ordonné. Je le ferai même si je demeure
seul dans cette cité. » Et devant son insistance, ses opposants lui
proposèrent de changer Usâmah ; ce qu’il refusa totalement en disant :
« Je ne puis guère modifier une décision qu’avait prise le Messager
d’Allâh. »
Monté sur son cheval et s’apprêtant à quitter Médine,
Usâmah se sentit gêné d’être sur sa monture alors que le Calife la lui
conduisait. Usâmah lui dit : « Soit tu montes avec moi, soit je
descends marcher. » Mais Abû Bakr refusa et répondit : « Tu ne
descendras pas et je ne monterai pas. Quel mal me ferai-je en
empoussiérant mes pieds pour la cause d’Allâh pendant une heure de la
journée ? » Par ailleurs, le Calife adressa à cette occasion un
discours à son armée dans lequel il dit : « Ô gens ! Je vous recommande
dix choses, retenez-les bien. Ne trahissez pas, ne transgressez pas, ne
trompez pas, ne mutilez pas les dépouilles de vos ennemis, ne tuez ni
enfants ni vieillards ni femmes, ne brûlez aucun palmier, ne coupez
aucun arbre et n’égorgez aucune bête sauf pour votre nourriture. Vous
trouverez sur votre chemin des gens qui se sont consacrés à l’adoration
dans des couvents, laissez-les pour ce à quoi ils se sont consacrés.
Vous rencontrerez des gens qui vous serviront toutes sortes de
nourriture, servez-vous en et invoquez le Nom d’Allâh en le faisant. »
Constatant
que l’État islamique allait dépêcher son armée à l’étranger, les tribus
arabes envoyèrent leurs émissaires à Médine afin de vérifier la
présence d’une armée de réserve. Ayant compris leur dessein, Abû Bakr
mobilisa les musulmans et leur ordonna de se regrouper dans la mosquée
du Prophète, prévoyant une attaque imminente de la part des tribus
rebelles. Puis, apprenant qu’elles étaient à trois jours de marche de
Médine, Abû Bakr sortit accompagné des musulmans pour défendre la ville
du Prophète et la bataille fut remportée par les musulmans.
Par
ailleurs, l’armée d’Usâmah ne déçut pas les espérances du Calife. Elle
vainquit les Byzantins et fit une percée profonde sur leurs territoires
avant de regagner Médine. Ainsi réalisa-t-elle l’objectif qui lui avait
été fixé, à savoir établir et sécuriser les frontières du nouvel État
islamique et semer le doute et la crainte dans les rangs des ennemis de
l’islam, y compris certaines tribus arabes du nord qui guettaient
l’occasion d’attaquer Médine.
Les guerres d’apostasie
Suite
au décès du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, quelques tribus
récemment converties à l’islam s’empressèrent de renier leur foi et de
contester la souveraineté de l’État islamique en refusant de verser la
zakât. D’autres chefs arabes allèrent même jusqu’à prétendre la
prophétie. Cette rébellion politico-religieuse s’étendit sur l’ensemble
de la péninsule arabe si bien que ne restèrent musulmans que les
habitants de La Mecque et de Médine.
Face à cette situation où
la cohésion et la sécurité de l’État islamique naissant se trouvaient
menacées, il était impossible pour le Calife de rester les bras
croisés. Abû Bakr fit preuve d’une grande maturité et de courage en
défendant fermement la citadelle de l’islam et ce, en dépit de
l’opposition de certains Compagnons qui lui demandaient de faire preuve
de patience. En réponse à leurs propos, il dit : « Par Allâh ! S’ils me
refusent un licou qu’ils acquittaient au Messager d’Allâh — paix et
bénédictions sur lui —, je les combattrai pour le percevoir. Par Allâh,
je ne cesserai de combattre ceux qui font une distinction entre la
prière et la zakât. » Ainsi envoya-t-il ses troupes mettre fin à cette
rébellion, refusant par sa sagesse et sa clairvoyance toute concession
à ce sujet.
La compilation du Coran
Au cours des guerres
d’apostasie menées par Abû Bakr, un grand nombre d’éminents Compagnons
et de mémorisateurs du Coran tombèrent en martyrs. Les musulmans en
furent d’autant plus attristés que cela menaçait la conservation du
Coran. Ainsi `Umar Ibn Al-Khattâb fut-il parmi les permiers à percevoir
ce danger et aprés une longue réflexion, Allâh lui inspira l’idée de
compiler l’intégralité du coran par écrit avant que la mort n’emporte
toutes les mémoires vivantes. Il fit part de cette idée à Abû Bakr. Ce
dernier fut tout d’abord réticent : « Comment ferais-je une chose que
le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — n’a pas faite ? »,
demanda-t-il.
`Umar défendit sa proposition avec force arguments
jusqu’à ce qu’Allâh — Exalté soit-Il — guidât Abû Bakr à l’accepter. Il
chargea de cette noble mission Zayd Ibn Thâbit, le scribe de la
révélation du temps du Prophète. Celui-ci commença aussitôt à
recueillir le Coran, verset après verset et sourate après sourate. À
cette fin, il adopta une méthode trés rigoureuse écartant toute
possibilité d’erreur : quand bien même était-il lui-même l’un des
mémorisateurs du Coran, il s’aida pour accomplir sa mission du
témoignage des plus loyaux Compagnons du Prophète, grâce à qui le Coran
nous parvint tel qu’il a été révélé au Messager d’Allâh — paix et
bénédictions sur lui —. Ainsi, la compilation du coran fut l’une des
réalisations majeures accomplies sous le califat d’Abû Bakr ;
réalisation qui permit la préservation du Coran de toute altération.
[23]
Décès d’Abû Bakr
Touché par la maladie, Abû Bakr
commença à s’inquiéter du sort de la communauté et craignit qu’à sa
mort, la discorde menaçât sa cohésion et sa fermeté. Il consulta
plusieurs Compagnons du Prophète qui se montrèrent, pour la plupart, en
faveur de la désignation de `Umar Ibn Al-Khattâb en tant que Calife. Le
dernier mot devant être celui de la communauté, il s’adressa aux
habitants de Médine pour demander leur avis. Il dit : « Ô gens ! J’ai
fait un choix aprés avoir consulté nombre de sages. Êtes-vous prêts à
l’accepter ? » Les habitants de Médine répondirent par l’affirmative
sauf `Alî Ibn Abî Tâlib qui s’exclama : « Non, non... nous
n’accepterons que `Umar ! » Abû Bakr sourit aussitôt et dit : « C’est
`Umar ! »
Jour aprés jour, la maladie d’Abû Bakr s’aggravait.
Consciente que la fin de son père devenait imminente, Dame `Â’ishah —
qu’Allâh l’agrée — se mit à le pleurer. En l’entendant, il lui dit : «
Ne pleure pas ma fille, dis plutôt : "L’agonie de la mort fait
apparaître la vérité : « Voilà ce dont tu t’écartais » * Et l’on
soufflera dans la Trompe : Voilà le jour de la Menace * Chaque âme
viendra alors accompagnée d’un conducteur et d’un témoin * « Tu restais
indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile ; ta vue est perçante
aujourd’hui. ». [24]. » Il demanda ensuite à ses compagnons de quel
jour de la semaine il s’agissait et on lui répondit que c’était le
lundi. Il dit alors : « C’est le jour où le Prophète décéda. Qu’Allâh
me donne l’honneur de mourir cette nuit. » Et, comme si le destin
voulut qu’Abû Bakr suive les pas du bien-aimé jusqu’au dernier souffle
de sa vie, Abû Bakr décéda au même âge que le Prophète (63 ans). Ses
derniers mots furent : « Fais-moi mourir en parfaite soumission et
fais-moi rejoindre les vertueux » [25]. Son retour à Dieu eut lieu au
cours du mois de Jumâdah Al-Âkhirah de l’an 13 A.H. (août 634). Abû
Bakr fut enterré aux côtés du Prophète — paix et bénédictions sur lui —
dans la demeure de Dame `Â’ishah — qu’Allâh l’agrée —. Tête reposée à
côté des épaules du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —,
il alla rejoindre une compagnie qui lui avait longtemps manqué,
laissant derrière lui un plaie non cicatrisable dans les cœurs des
habitants de Médine et des musulmans en général. Lors de son
enterrement, `Umar Ibn Al-Khattâb dit : « Qu’Allâh fasse miséricorde à
Abû Bakr, il a legué à sa mort une lourde responsabilité. »
Estimant
qu’il fallait immédiatement régler le problème de la succession du
Prophète, les Ansâr se rendirent à l’assemblée (Saqîfah) de Banû
Sâ`idah pour débattre de cette question. Il s’agissait de savoir à qui
serait attribué l’honneur de succéder au Prophète — paix et
bénédictions sur lui — : aux Ansâr ou aux Muhâjirûn. Avant l’arrivée
des Muhâjirûn dans l’assemblée, les débats avaient abouti à la
désignation de Sa`d Ibn `Ubâdah en tant que Calife sans pour autant
qu’il n’y ait de consensus autour de ce choix.
Les discussions
ne s’étaient pas terminées lorsqu’Abû Bakr, `Umar et certains Muhâjirûn
se rendirent à l’assemblée. À leur arrivée, certains Compagnons
proposèrent la désignation de deux Califes, l’un appartiendrait aux
Ansâr et l’autre aux Muhâjirûn ; proposition refusée car synonyme de
division.
Rappelant qu’il ne se portait pas comme candidat, Abû
Bakr dit : « Vous savez que les Arabes n’accepteront de confier cette
affaire qu’à un homme qurayshite car Quraysh est considérée comme la
tribu la plus éminente parmi les tribus arabes. » Abû Bakr proposa
alors comme candidats `Umar et Abû `Ubaydah Ibn Al-Jarrâh. Ces derniers
refusèrent la proposition, rappelant qu’Abû Bakr était le meilleur des
Muhâjirûn, le seul à avoir été en compagnie du Prophète dans la grotte,
et enfin qu’il avait été nommé par lui pour diriger la prière des
Musulmans à sa place. Le consensus réalisé, Abû Bakr fut désigné Calife.
Quelques
jours après le serment d’allégeance prononcé par les grands Compagnons
dans l’assemblée de Banû Sâ`idah, les habitants de Médine se réunirent
à la mosquée et firent allégeance à Abû Bakr. Celui-ci prononça alors
un discours dans lequel il dit : « Ô gens ! J’ai été élu comme chef
sans être le meilleur parmi vous. Si vous trouvez que j’agis avec
justesse, assistez-moi et si vous trouvez que je m’abuse, corrigez-moi.
Le faible parmi vous est fort à mes yeux, jusqu’à ce que j’obtienne
pour lui son droit ; et le fort parmi vous est faible à mes yeux,
jusqu’à ce que je lui arrache ce qui n’est pas son droit. Ô gens,
sachez qu’aucun peuple n’a abandonné la lutte dans le sentier d’Allâh
sans qu’il soit humilié. Sachez aussi que l’immoralité ne se répand au
sein d’un peuple sans que Dieu ne l’afflige d’une calamité.
Obéissez-moi, tant que j’obéis à Dieu, et à Son Messager. Si je
désobéis à Dieu et à Son Messager, vous ne me devez aucune obéissance.
Levez-vous pour la prière ; que Dieu vous fasse miséricorde ! »
Avant
sa désignation, Abû Bakr avait l’habitude de prendre soin
personnellement des familles des martyrs et d’aider la veuve et
l’orphelin. On rapporte à cet effet que quand les enfants voyaient Abû
Bakr dans la rue, ils se précipitaient vers lui, montaient sur ses
épaules et jouaient avec lui. Les gens pensèrent qu’après son
investiture, Abû Bakr cesserait de faire cela. Mais il veilla à
préserver cette habitude si bien que `Umar alla un jour proposer son
aide à une vielle femme de Médine qui déclina poliment expliquant que
quelqu’un venait habituellement l’aider. Se renseignant sur l’identité
de cette personne, la vielle femme répondit : « Je ne sais pas qui
c’est. C’est un homme qui vient d’habitude m’aider à nettoyer la maison
et à traire les chèvres. » N’ayant pas eu de réponse, `Umar décida de
découvrir l’identité de celui qui l’avait devancé auprès de cette dame
; voyant un jour Abû Bakr sortir de chez elle, il dit : « Qu’Allâh te
fasse miséricorde Abû Bakr, tu auras tenu la dragée haute à tes
successeurs ! »
Abû Bakr à la défense de l’État naissant
Bien
que le Califat d’Abû Bakr As-Siddîq ne durât qu’environ deux ans, il
fut caractérisé par d’immenses réalisations et de dangereux évènements
et incidents. Ces derniers auraient provoqué la dislocation de l’État
islamique sans la miséricorde divine qui plaça à sa tête un homme qui,
par sa sagesse et sa détermination, réussit à préserver cette nouvelle
communauté.
L’armée d’Usâmah Ibn Zayd
La première décision
prise par Abû Bakr fut de dépêcher l’armée d’Usâmah Ibn Zayd contre les
Byzantins qui empêchaient les prédicateurs musulmans de transmettre
leur message sur les terres qu’ils gouvernaient. Cette armée qui avait
été dépêchée par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — avant son
décès, revint à Médine après l’annonce de la nouvelle de sa maladie.
Cette décision fut cependant contestée par certains Compagnons pour
deux raisons. La première était la crainte que la décision d’Abû Bakr
ne prive la communauté de son armée à un moment si critique de son
histoire ; les tribus arabes reniant, l’une après l’autre, l’islam et
s’apprêtant à attaquer Médine. La deuxième était que pour certains,
Usâmah était trop jeune pour diriger cette armée. Il avait à l’époque
dix-huit ans approximativement. Abû Bakr refusa cependant de se plier à
cette contestation et dit : « Par Celui Qui détient mon âme entre Ses
Mains, même si les lions me capturaient, je dépêcherais l’armée
d’Usâmah comme le Prophète l’a ordonné. Je le ferai même si je demeure
seul dans cette cité. » Et devant son insistance, ses opposants lui
proposèrent de changer Usâmah ; ce qu’il refusa totalement en disant :
« Je ne puis guère modifier une décision qu’avait prise le Messager
d’Allâh. »
Monté sur son cheval et s’apprêtant à quitter Médine,
Usâmah se sentit gêné d’être sur sa monture alors que le Calife la lui
conduisait. Usâmah lui dit : « Soit tu montes avec moi, soit je
descends marcher. » Mais Abû Bakr refusa et répondit : « Tu ne
descendras pas et je ne monterai pas. Quel mal me ferai-je en
empoussiérant mes pieds pour la cause d’Allâh pendant une heure de la
journée ? » Par ailleurs, le Calife adressa à cette occasion un
discours à son armée dans lequel il dit : « Ô gens ! Je vous recommande
dix choses, retenez-les bien. Ne trahissez pas, ne transgressez pas, ne
trompez pas, ne mutilez pas les dépouilles de vos ennemis, ne tuez ni
enfants ni vieillards ni femmes, ne brûlez aucun palmier, ne coupez
aucun arbre et n’égorgez aucune bête sauf pour votre nourriture. Vous
trouverez sur votre chemin des gens qui se sont consacrés à l’adoration
dans des couvents, laissez-les pour ce à quoi ils se sont consacrés.
Vous rencontrerez des gens qui vous serviront toutes sortes de
nourriture, servez-vous en et invoquez le Nom d’Allâh en le faisant. »
Constatant
que l’État islamique allait dépêcher son armée à l’étranger, les tribus
arabes envoyèrent leurs émissaires à Médine afin de vérifier la
présence d’une armée de réserve. Ayant compris leur dessein, Abû Bakr
mobilisa les musulmans et leur ordonna de se regrouper dans la mosquée
du Prophète, prévoyant une attaque imminente de la part des tribus
rebelles. Puis, apprenant qu’elles étaient à trois jours de marche de
Médine, Abû Bakr sortit accompagné des musulmans pour défendre la ville
du Prophète et la bataille fut remportée par les musulmans.
Par
ailleurs, l’armée d’Usâmah ne déçut pas les espérances du Calife. Elle
vainquit les Byzantins et fit une percée profonde sur leurs territoires
avant de regagner Médine. Ainsi réalisa-t-elle l’objectif qui lui avait
été fixé, à savoir établir et sécuriser les frontières du nouvel État
islamique et semer le doute et la crainte dans les rangs des ennemis de
l’islam, y compris certaines tribus arabes du nord qui guettaient
l’occasion d’attaquer Médine.
Les guerres d’apostasie
Suite
au décès du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, quelques tribus
récemment converties à l’islam s’empressèrent de renier leur foi et de
contester la souveraineté de l’État islamique en refusant de verser la
zakât. D’autres chefs arabes allèrent même jusqu’à prétendre la
prophétie. Cette rébellion politico-religieuse s’étendit sur l’ensemble
de la péninsule arabe si bien que ne restèrent musulmans que les
habitants de La Mecque et de Médine.
Face à cette situation où
la cohésion et la sécurité de l’État islamique naissant se trouvaient
menacées, il était impossible pour le Calife de rester les bras
croisés. Abû Bakr fit preuve d’une grande maturité et de courage en
défendant fermement la citadelle de l’islam et ce, en dépit de
l’opposition de certains Compagnons qui lui demandaient de faire preuve
de patience. En réponse à leurs propos, il dit : « Par Allâh ! S’ils me
refusent un licou qu’ils acquittaient au Messager d’Allâh — paix et
bénédictions sur lui —, je les combattrai pour le percevoir. Par Allâh,
je ne cesserai de combattre ceux qui font une distinction entre la
prière et la zakât. » Ainsi envoya-t-il ses troupes mettre fin à cette
rébellion, refusant par sa sagesse et sa clairvoyance toute concession
à ce sujet.
La compilation du Coran
Au cours des guerres
d’apostasie menées par Abû Bakr, un grand nombre d’éminents Compagnons
et de mémorisateurs du Coran tombèrent en martyrs. Les musulmans en
furent d’autant plus attristés que cela menaçait la conservation du
Coran. Ainsi `Umar Ibn Al-Khattâb fut-il parmi les permiers à percevoir
ce danger et aprés une longue réflexion, Allâh lui inspira l’idée de
compiler l’intégralité du coran par écrit avant que la mort n’emporte
toutes les mémoires vivantes. Il fit part de cette idée à Abû Bakr. Ce
dernier fut tout d’abord réticent : « Comment ferais-je une chose que
le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — n’a pas faite ? »,
demanda-t-il.
`Umar défendit sa proposition avec force arguments
jusqu’à ce qu’Allâh — Exalté soit-Il — guidât Abû Bakr à l’accepter. Il
chargea de cette noble mission Zayd Ibn Thâbit, le scribe de la
révélation du temps du Prophète. Celui-ci commença aussitôt à
recueillir le Coran, verset après verset et sourate après sourate. À
cette fin, il adopta une méthode trés rigoureuse écartant toute
possibilité d’erreur : quand bien même était-il lui-même l’un des
mémorisateurs du Coran, il s’aida pour accomplir sa mission du
témoignage des plus loyaux Compagnons du Prophète, grâce à qui le Coran
nous parvint tel qu’il a été révélé au Messager d’Allâh — paix et
bénédictions sur lui —. Ainsi, la compilation du coran fut l’une des
réalisations majeures accomplies sous le califat d’Abû Bakr ;
réalisation qui permit la préservation du Coran de toute altération.
[23]
Décès d’Abû Bakr
Touché par la maladie, Abû Bakr
commença à s’inquiéter du sort de la communauté et craignit qu’à sa
mort, la discorde menaçât sa cohésion et sa fermeté. Il consulta
plusieurs Compagnons du Prophète qui se montrèrent, pour la plupart, en
faveur de la désignation de `Umar Ibn Al-Khattâb en tant que Calife. Le
dernier mot devant être celui de la communauté, il s’adressa aux
habitants de Médine pour demander leur avis. Il dit : « Ô gens ! J’ai
fait un choix aprés avoir consulté nombre de sages. Êtes-vous prêts à
l’accepter ? » Les habitants de Médine répondirent par l’affirmative
sauf `Alî Ibn Abî Tâlib qui s’exclama : « Non, non... nous
n’accepterons que `Umar ! » Abû Bakr sourit aussitôt et dit : « C’est
`Umar ! »
Jour aprés jour, la maladie d’Abû Bakr s’aggravait.
Consciente que la fin de son père devenait imminente, Dame `Â’ishah —
qu’Allâh l’agrée — se mit à le pleurer. En l’entendant, il lui dit : «
Ne pleure pas ma fille, dis plutôt : "L’agonie de la mort fait
apparaître la vérité : « Voilà ce dont tu t’écartais » * Et l’on
soufflera dans la Trompe : Voilà le jour de la Menace * Chaque âme
viendra alors accompagnée d’un conducteur et d’un témoin * « Tu restais
indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile ; ta vue est perçante
aujourd’hui. ». [24]. » Il demanda ensuite à ses compagnons de quel
jour de la semaine il s’agissait et on lui répondit que c’était le
lundi. Il dit alors : « C’est le jour où le Prophète décéda. Qu’Allâh
me donne l’honneur de mourir cette nuit. » Et, comme si le destin
voulut qu’Abû Bakr suive les pas du bien-aimé jusqu’au dernier souffle
de sa vie, Abû Bakr décéda au même âge que le Prophète (63 ans). Ses
derniers mots furent : « Fais-moi mourir en parfaite soumission et
fais-moi rejoindre les vertueux » [25]. Son retour à Dieu eut lieu au
cours du mois de Jumâdah Al-Âkhirah de l’an 13 A.H. (août 634). Abû
Bakr fut enterré aux côtés du Prophète — paix et bénédictions sur lui —
dans la demeure de Dame `Â’ishah — qu’Allâh l’agrée —. Tête reposée à
côté des épaules du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —,
il alla rejoindre une compagnie qui lui avait longtemps manqué,
laissant derrière lui un plaie non cicatrisable dans les cœurs des
habitants de Médine et des musulmans en général. Lors de son
enterrement, `Umar Ibn Al-Khattâb dit : « Qu’Allâh fasse miséricorde à
Abû Bakr, il a legué à sa mort une lourde responsabilité. »
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